Hésiter avant de publier et puis se dire que cela fait des années que cette page a toujours été une parenthèse à la réalité.
Mettre des mots sur ces semaines d’ivresse. De bonheur indécent. Ne plus pouvoir le faire par ce biais-là. Choisir de les coucher par ici. Ces écrits qui risquent de tomber dans l’oubli.
Cette chance qui frappe à la porte par une belle journée de fin de printemps. Inattendue. Surprenante. Quelques lignes seulement qui efface d’un coup de vent les petits tracas précédents et présage, peut-être, des plaisirs à ajouter à la longue liste de ceux d’une vie encore juste effleurée. Profiter de l’instant présent. Lire. Écrire. Lire. Écrire. Se surprendre devant cette facilité à se confier.
Des éclats de joie, des fous-rire avec de grosses larmes de crocodile heureux. Une crise de pleurs éphémères à la lecture d’un paragraphe qui résonne si fort en soi . Des échos infinis. Des non criés à voix haute seul face au néant. Attendre la suite. En vouloir encore et toujours plus.
Se dévoiler. De la tête aux pieds. Jeter sur le papier des bribes de vie. Des idées. Des envies. Se dénuder un petit peu plus chaque jour à travers les mots. Et entendre les échos.
Vivre ce début d’été intensément. De terrasses bondées en événements. Partager ces moments avec des êtres chers et croquer la vie à pleines dents. Se perdre dans les romans. Ne jamais s’en séparer.
Ne plus se poser de questions. Faire tomber les barrières. Ne pas juger. Écouter. S’écouter. Se laisser vivre. Savoir saisir et profiter de belles opportunités.
Des nuits beaucoup trop courtes, sans être tourmentées ou cauchemardesques, mais aux réveils trempés sous le poids de draps bien plus épais qu’il ne le faudrait par cette chaleur d’été.
Un corps qui ne souhaite plus se reposer. Il en a peut-être juste assez.
Partir pour se ressourcer. Prendre le large. Sourire tellement fort que l’on crée et perçoit chez les autres un petit rictus qui s’apparente à un sourire, d’un coup de baguette magique. Inspirer le bonheur à coup de musique trop forte dans les oreilles. De pas de danse improvisés sur les quais. D’une joie de vivre peut-être beaucoup trop intense pour perdurer. Mais qui sait ?
Manger comme un ogre après des semaines, même des mois de crève la faim. S’enivrer devant les fourneaux de cet homme, passionné, qui explique si bien le terroir, la cuisine et les saveurs locales. Déguster les petits plats mis dans les grands. S’émerveiller et rêver de peut-être revenir un jour ici et partager toute cette beauté. Se relaxer, alors que plus aucun muscle n’est contracté. Essayer de déconnecter mais ne pas pouvoir s’empêcher de rester connecté juste pour continuer à échanger.
Après cette orgie, vouloir se délester d’une partie de soi, jeûner l’espace d’un court instant pour retrouver cette légèreté aux fruits et légumes du beau temps. Et se laisser à nouveau aller car c’est si bon de partager.
Partir voir la mer le jour d’une rencontre singulière. Attendue. Tellement légère et naturelle.
Vouloir que le temps s’arrête. Vivre l’ordinaire dans l’extraordinaire. Laisser son instinct parler et ne jamais regretter.
Se réjouir du voyage qui se profile. Laisser en suspens ce qui vient tout juste de se créer, trop vite, trop fort, trop passionné et penser que tout va bien se passer. Au retour.
Vivre cette aventure intensément. S’arrêter de respirer devant tant de beauté. Regarder la nature avec des grands yeux d’enfants face à l’immensité.
S’arrêter encore un instant, respirer à pleins poumons et constater encore une fois que le bonheur est bien là, accroché comme un arapède qui ne se détachera plus jamais de son rocher.
Ce vent qui rend hilare. À chaque rafale, rire plus fort, plus longtemps et sentir tous ses muscles se crisper à chacun des mots prononcés. Ne plus pouvoir s’arrêter et se dire que ça en devient indécent de montrer ce bonheur. À la vue de tous.
S’emballer. Être curieux. Spontané. Généreux. Enthousiaste. Sensible. Passionné. Être soi. Rien que soi et ne pas calculer.
Et pourtant se tromper. Penser que cela suffira à charmer. Mais voilà le temps des désillusions. Regarder par dessus son épaule et constater que tout ça, c’est du passé. Sentir cette légèreté s’effacer et réaliser que se laisser vivre n’est pas une tâche si aisée. On se promet des choses et tout est si vite écarté. Trop vite. Beaucoup trop vite.
Sans même prendre le temps de creuser. Alors qu’on sait qu’il y a tant à découvrir et qu’il faut du temps pour s’apprivoiser.
Imprimer toutes ces confessions. Plus de 80 pages. Pour peut-être un jour les relire mais surtout pour réaliser toute la beauté de cette correspondance en toute honnêteté. Se dire que cela ferait un bon roman. Répondant au doux nom de Relation épistolaire, relation éphémère.
Laisser reposer les mots le temps d’une soirée. Les garder secrets peut-être pour l’éternité. Et réaliser qu’en fait, jeter ses émotions par ici, c’est un peu comme une thérapie. Afin que les idées se perdent dans les méandres du virtuel. Juste pour conclure un beau début d’été.
Et puis cet appel, il y a seulement quelques heures, pour encore vivre une belle opportunité. Et croquer, toujours croquer.