Ce matin-là, les paupières lourdes, les cheveux en bataille, les traces de draps encore sur les deux joues et les gestes lents, le doux son des quelques notes rythmées par la douceur me réveille lentement. La lumière, légère, passe à travers les rideaux. Mes draps pour seul refuge, là où tous les rêves sont possible, où le temps s’arrête. Quelques petites gouttes délicates, les perles de la rosée matinale dansent sur les feuilles au vent.
L’air frais caresse mon visage, ma tête vacille légèrement. L’odeur du pain grillé et les traces d’agrumes sur la paume de mes mains me rappellent ces matins d’enfance. Assise sur le bord de la fenêtre, les rayons de soleil réchauffant ma peau nue, je croque dans mes tartines au goût de miel et de gelée de groseilles. Les doigts qui collent, le corps encore fébrile. Des vêtements propres aux odeurs de Marseille. Un chignon noué négligemment. Mes trésors à bout de bras. Un cabas vide pouvant accueillir toutes sortes de bonnes choses.
La rue est déserte. Seul le chant des oiseaux berce le bruit de mes pas. Je vois danser les cumulus dans le ciel et me laisse divaguer dans mes pensées. Une baguette, quelques oranges, la longue queue devant l’étale de fruits et légumes bio. Un morceau de morbier, quelques figues fraîches et un joli bouquet d’hortensias. Les maraîchers me régalent en ce dimanche ensoleillé.
Place en cuisine pour concocter des mets délicats. Le casque vissé aux oreilles, une petite danse improvisée devant les fourneaux. Des éclaboussures sur le tablier et des rires dans la pièce d’à côté. Chaque produit manipulé avec soins. Des parfums du Sud et nos palais qui se délectent.
La météo changeante, la pluie s’abat à grosses gouttes sur la fenêtre. Le vent siffle dans les châssis. Sa main dans la mienne, nos corps qui s’effleurent. La sieste dominicale et la bouche sèche au réveil. Comme une envie de sucré aux réminiscences lisboètes. Petite ballade dans les flaques, quelques centaines de mètres pour savourer des petits flans croustillants et fondants à souhait.
Paresse d’un dimanche après-midi le nez collé sur l’écran plat. La pluie ne s’arrête pas. Cet été a un goût d’automne et donne des envies d’hiver. De calme lorsque la neige s’abat sur les toits. De temps figé. De confort emmitouflés dans des habits de laine. De gourmandise avec un chocolat bien chaud. De nuit noire en fin d’après-midi et d’illuminations dans les rues froides de Bruxelles. D’ambiance tamisée par les bougies aux senteurs de pins et les flammes du feu ouvert. De plats réconfortants à partager entre amis avec une bonne bouteille de vin. De fenêtres embuées par la température intérieure tellement chaude par rapport au dehors. De longues soirées cinéma, pieds coincés sous le plaid.
Des rêves pleins la tête et des envies d’ailleurs, mes doigts qui, d’un coup de souris en effleurant le clavier, me font voyager en Scandinavie. Des projets lointains, des images défilent, mes yeux deviennent lourd. La nuit tombe. Le marchand de sable est passé. C’était une belle journée d’été.