Il me dit «  Prends moi la main. Serre-la fort. Pose-la tout contre ton coeur.
Respire à pleins poumons. Et partons ».

Il m’inspire la confiance. Nourrit mon âme. M’apaise l’esprit. Calme mes ardeurs. Et projette ma grandeur.

Il me parle de lui. Ce qu’il est. Ce qu’il voudrait être. Ses expériences. Ses vécus. Tout ce que la vie lui a appris jusqu’ici.

Il me fait tournoyer sur moi-même. Envoutés par la danse. Dans l’obscurité. Il réveille cette déesse longtemps enfouie en moi.

Il m’appelle. Désespéré. Angoissé. Apeuré. Par sa triste réalité. Je lui rappelle qu’il est le seul maître de ses pensées. Et que sa réalité est bien différente de celle qui se présente aujourd’hui à lui.

Il pose sa tête délicatement sur mon ventre. Son corps entier encore secoué par la musique. Un dimanche matin. Après l’extatique.

Il m’explique qu’il vit les prémices d’une relation. Son regard est plus doux. Il est changé. Je me dis qu’elle doit avoir cet effet-là sur lui. Mon coeur devient plus léger en l’écoutant. Il se délaisse du lourd fardeau du passé et comprend que l’Amour, c’est ça : Aimer quelqu’un de toute son âme et tout son coeur même quand cette personne en aime une autre.

Il me chante ses rêves. Sa vie. Ses envies. Il est en devenir. En cours de création. Comme nous tous. Qui ne cherche pas à s’améliorer ? À grandir ? En tout cas pas ceux dont j’essaie de m’entourer ces derniers mois.

Il me dit que son pays lui manque. Ses terres. Son appartenance. Il se met à pleurer dans mes bras. Mais d’où vient cette tristesse si légère qui j’espère est juste passagère ? Ce petit bonhomme que je ne comprenais pas toujours jusque là. Qui gardait ses distances. Très certainement de peur d’empiéter sur les plates bandes de cette autre-là. Décide de s’ouvrir à moi. Dévoilant toute sa fragilité.

Il m’annonce qu’il va être papa. D’une nuit par ci, par là. Il est apeuré face à cette nouvelle responsabilité. Et si c’était justement un beau cadeau que lui offrait la vie.

Il me dit qu’il n’a aucune empathie. Qu’il est comme ça. Un point c’est tout. Il faut l’accepter comme il est. il ne changera pas.

Il me parle de son état dépressif. N’arrive pas à mettre le doigt sur ce qui ne va pas. N’accepte pas ces vagues d’émotions qui le fouettent au quotidien.

Il projette en moi ce défaut d’origine qui l’habite depuis quelques mois. Il ne comprend pas. D’où vient-il ? Où se dirige t’il ? Quelles sont les raisons qui le poussent à se lever chaque matin ?

Il parcourt les sentiers déjà foulés par ses ancêtres. Il est fier de m’expliquer son passé. Qui ne définit pas forcément ce qu’il est aujourd’hui. Mais celui qu’il voudrait devenir.

Il a créé cette famille. Qui le suit par tous les temps. Même sous la pluie.

Je l’appelle Monkey. Il me surnomme Chipmunk. Il m’interdit de sourire car il fond à chaque fois. Je le nargue avec des sourires encore plus envoûtants. Un jour où je prône le silence et ne parle qu’avec mes yeux qui s’illuminent de mille feux.

Il me serre fort contre lui comme si nous ne nous étions pas vu depuis de longs mois. Moi qui maintenais la distance. Je m’enfonce encore plus dans ses longs bras. Je suis devenue cette femme dépendante à la chaleur humaine. Aux odeurs familières.

Face à l’éloignement, j’ai voulu créer le rapprochement.

Il me dit qu’il porte son t-shirt. Il n’est pas là. J’hume le vêtement à la recherche d’un parfum qui me remémora nos souvenirs heureux. Son odeur n’est plus là. C’est la sienne qui s’est mêlée aux fibres du coton tout juste sorties de l’avion.

Petite cuillère du matin. Il parcourt mon corps comme un vieux parchemin. Avec délicatesse. Il me glisse à l’oreille que c’est en effleurant ma main qu’il a senti cette douce énergie vibrer en lui.

Il est lui. Je suis elle. Ils sont eux.

Il ou lui. Lui ou il.

Leurs émotions. Leurs sentiments. Leurs passions. Leurs désirs.

Tous ces hommes qui m’ont dévoilé leur vulnérabilité, une part de leur féminité, ces derniers mois, m’ont permis de mettre le doigt sur cette partie de moi que j’avais perdue et à laquelle je ne pensais pas.

Ma masculinité.

J’aimais depuis toujours être au contact de ces forces de la nature. Mais tant fragiles à la fois.

J’étais femme. Vulnérable. Je cherchais à tâtons ce moi que j’avais enfoui au plus profond mais qui m’habitait toujours. En murmurant tout doucement : « Je suis toujours là. Viens à ma rencontre. je t’ouvrirai grand les bras. »

Ils m’ont réveillée. Ils m’ont permis de me reconnecter.

Connexion longtemps recherchée auprès d’eux. Alors qu’elle était juste là. À l’intérieur de moi.

Alors, mes amis, mes amours, je vous dis merci.

Corps et esprit enfin réunis.

Il était temps.